LE MIRAGE DU NEVADA
Las
Vegas à 17 heures. Telle un Disney Land du désert, la ville dévoilait
ses attractions. Après une balade en gondole en compagnie d’Elvis, sur
les canaux d’un Venise aux murs de pain d’épice, un dragon s’élevait
des douves du château du roi Arthur. Il disparaissait rapidement après
avoir crachoté quelques flammes, effrayé par les canons du vaisseau de
Francis Drake qui s’attaquait sur un bras de mer à un galion espagnol,
aux cales bourrées d’or. Sur une des rives, la statue de la liberté
faisait des oeillades au sphinx qui protégait la pyramide de Ramsès II.
Au-dessus de tout se raffut, la tour Effeil s’illuminait pour ne pas
disparaître au milieu du Strip, le boulevard feu d’artifice de la ville
du vice. Le vice c’est pour très tard.
Quand les
lumières s’éteignent et que les casinos se vident des touristes
curieux. Place aux toxico, du jeu. De jeunes gens obèses, au regard de
poissons bouillis, s’attachent à une table de jeu, comme le marin
s’amarre au bar. Et inlassablement, ils se ruinent à petit feu,
encouragés mais trompés par le son de maigres piécettes tombant trop
rarement dans les caissettes en fer blanc. Et moi qui résiste, fier et
moqueur. Le jeu n’est pas pour moi. Et à chaque rare fois que j’avais
ouvert frénétiquement mon porte-feuille pour y trouver ma carte de
crédit, je me rappelait l’avoir laissée à l’hôtel que je regagnerai à
pied ce soir. Les pauvres cent dollars que j’avais apportés ont
disparus de ma poche, certainement volés par un bandit... Manchot.