VILLE CHOCOLAT, BANLIEUE VANILLE
« Ville
chocolat, banlieues vanilles » ainsi se construisait les grandes cités
américaines dans les années quatre-vingt. « Ville chocolat », les
pauvres, latinos et noirs en majorité vivaient proches du centre-ville,
intra muros, et les blancs, plus riches, squattaient les banlieues
dortoirs, un carré de pelouse et la télévision satellite. Ainsi
imaginait-on les mégalopoles d’Amérique. Des usines au centre,
désaffectées, vitres cassées, entourées de piaules usées. Une vieille
Ford était ancrée à chaque coin de rue, des voyous assis dedans,
faisant le guet pour protéger le territoire du gang. La situation a
changé spectaculairement depuis dix ans. Richard M. Daley, maire de
Chicago, poursuit le même combat que son alter ego new-yorkais, le très
médiatisé Rudolph Giuliani. À grands coups de décrets « antigang », de
mesures « antivagabondages », et parfois de couvre-feux, les centres
villes sont assainis, lavés de tout comportement incivil. Les usines
sont transformées en loft, les cafés chics remplacent les cinémas
pornos, les centres pour sans-abri sont fermés, Frank Serpico est mis à
la retraite.