LE MEXIQUE AUX ETATS-UNIS
Sans m’arrêter, je dépasse le
désert aride d’Albuquerque pour filer plein nord vers les montagnes de
Santa Fé. Au bord des routes, de petites maisons carrées, mexicaines,
sont enduites de terre ocre et maintenues par de grosses poutres
dépassant des murs. Leurs toits en terrasse et leurs balcons de bois
rappellent l’architecture coloniale hispanique. Santa Fe l’Américaine
ou San Cristobal la Mexicaine, toutes deux auraient pu être le théâtre
des rocambolesques aventures de Zorro, en technicolor pour la première.
Tout au long de l’été, les animations et marchés à thème se succèdent
aux abords de la grand-place, El Paseo de Peralta. Connu des touristes,
artistes ou collectionneurs, l’essentiel des productions
traditionnelles indiennes côtoient ici les créations des artisans de
souche espagnole. Au coin d’une rue, une vieille dame propose des
pignons de pin dans de petits sachets à bijoux. Ses paupières sont
relevées d’une ligne noire exagérée. Son regard sombre, aussi beau que
terrifiant, supporte le poids d’une existence difficile qu’on a aucun
mal à imaginer. Née indienne, son enfance pauvre lui interdisait toute
éducation. Mariée jeune, elle ne connut pas réellement l’amour. Ces
enfants enfin élevés, il lui reste à gagner maigrement la fin de sa vie
en vendant aux touristes blancs des babioles contre des piécettes. Les
clichés ont la vie dure en ces terres reculées du Nouveau Mexique.