BRYCE CANYON
Le premier devoir d’un
photographe est de se lever à l’aurore. Je me trouvais ce matin-là à
l’aérodrome du Bryce Canyon. Le ciel était ombragé et je savais déjà
qu’il me faudrait profiter de chaque percée de soleil pour imprimer ma
pellicule. Je commençais mon pèlerinage aérien au-dessus du site. Un
rayon fugace m’entraînait vers Red Canyon. Je voyais une première fois
le soleil se lever. Puis il se cachait derrière une deuxième rangée de
cumulus. Seconde percée de lumière, je découvrais la plaine au-dessous
de la Dixie Forest. Un Panomama qui m’était offert à 3 000 m
d’altitude. Seuls les aigles bénéficiaient en même temps que moi de ce
spectacle divin. Je savais que ma machine volante embarquait peu de
carburant, mais enfin le soleil perçait au-dessus du Bryce Canyon. La
panne d’essence était assurée mais ma voile me permettrait d’atterrir
sur le champ que je ne quittais quasiment plus des yeux. Le vent me
portait vers cette dernière vue, celle des hoodoos, ces falaises de
grès rose découpées comme de la dentelle. le moteur arrêté, je revenais
en parapente jusqu’au sol, après m’être pris durant trois heures pour
Icare. Par chance, je ne m’étais pas brûlé les ailes..