LE CADEAU DE NAPOLEON
J’entame
les premiers kilomètres armé de patience, fréquente les pompes à
essence toutes les trois heures, dépense quelques dollars dans les
restaurants poussiéreux, immuables, ceux du ventre de l’Amérique.
Inévitablement, toutes les aventures vécues sur l’asphalte du premier
monument national du pays traversent les esprits, inspirées par la
radio qui passe en boucle les chanteurs de jazz des années cinquante
(Take Your Kicks on the 66, un standard écrit par Bobby Troup et repris
par les plus grands). Les Okies de Steinbeck ont imprégné la route
d’une émouvante histoire. Soldats et ouvriers ont avalé ses milliers de
kilomètres durant la seconde guerre mondiale. Pour des raisons de
sécurité, de nombreuses usines d’armement étaient installées sur la
côte Pacifique. Vingt ans plus tard, Jack Kerouac et les héritiers de
la Beat Generation courraient s’y perdre pour ensuite l’élever au rang
de route sacrée. Ils allaient plus tard enfanter notre société moderne,
post soixante huitarde. Économie, larmes, sang, libération sexuelle,
tous les ingrédients de l’histoire humaine ont façonné la légende de la
Route 66.
L’arche de Saint louis
est le symbole de la conquête du passage de l’Est vers l’Ouest avec la
vue panoramique de la ville et du Mississipi. La ville de Saint Louis
fut fondée par les Français bien avant que Napoléon Bonaparte revende
la Louisiane au Président américain Jefferson en 1803.