MISSISSIPI août
Au fil des dizaines de miles,
des centaines de kilomètres, la fatigue se mue en empathie,
l’émerveillement en soliloque. Un à un, je revêts imaginairement le
costume de tous ces personnages. Et récite des dialogues inventés,
incohérents. Tom Joad en pleine discussion avec Jack Kerouac. Le
fermier en cavale parle au citadin en quête de soi.
Parti
il y a une semaine des rives du lac Michigan, je traverse comme mes
prédécesseurs les plates prairies de l’Illinois, les collines et les
vallées du Missouri, les contrées arides de l’Oklahoma et du Texas… En
vue, les déserts mystiques du Nouveau-Mexique, de l’Arizona… Un arrêt à
Saint Louis, un vol au-dessus des eaux en évaporation du Mississipi,
une nuit passée à Branson, capitale en pain d’épice de la Country Music.
La
source du Mississipi est plus proche (de 5 kilomètres) du centre de la
Terre que son embouchure. Parfois, comme proche de Saint-Louis, on
remarque que les eaux du fleuve coulent vers sa source. Ce n’est pas un
miracle, juste une conséquence naturelle des lois de la gravité